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Le cinéma de Winding Refn, quand les mots ne suffisent plus

Quentin Coutanceau 13 janvier 2021
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Image tirée du film DRIVE

Réalisateur, producteur, scénariste, Nicolas Winding Refn est un cinéaste danois né à Copenhague en 1970. Il est révélé en 2011 à Cannes avec son film Drive, pour lequel il reçoit le prix de la mise en scène.

Le cinéma de Winding Refn ne laisse aujourd’hui personne indifférent. Et pour cause, avec sa mise en scène violente, ses personnages mutiques, ambigus et son travail méticuleux de l’image, le réalisateur danois a su tirer son épingle du jeu sur la scène du cinéma hollywoodien.

Entre 1996 et 2005, il réalise la trilogie Pusher, films de gangsters dans les milieux mafieux de Copenhague. Il y dépeint une société à bout de souffle, avec des personnages fragiles aux personnalités nuancées, qui ne savent s’exprimer qu’à travers la violence de leurs mots et de leurs actes.




Les premiers films de Winding Refn ne font que préparer le terrain de ses prochaines œuvres. En 2008, il réalise Bronson, avec Tom Hardy, l’histoire du prisonnier le plus dangereux de Grande-Bretagne. Bronson est incarcéré pour un petit vol à main armé, mais voit sa peine prolongée à mesure des infractions qu’il commet en prison. Ici, on commence déjà à explorer la violence de ses personnages. Dans chacun de ses films, Winding Refn cherche à montrer jusqu’où sont capables d’aller ses personnages pour survivre. Avec Ryan Gosling dans Drive en 2011, nous découvrons un héros mutique devenant un monstre pour protéger ceux qu’il aime. Dans The Neon Demon en 2016 avec Elle Fanning, c’est une innocente jeune fille, plongée dans le milieu agressif du mannequinat, qui devra à son tour devenir brutale pour ne pas se faire dévorer.




Chacun de ses personnages livre une lutte acharnée contre lui-même, mais surtout contre une société qui ne le comprend pas, qui ne parle pas la même langue que lui. Et c’est notamment par la violence qu’il s’exprime, car dans chacun de ses films, les personnages de Winding Refn ne sont pas des plus bavards. C’est notamment le cas de Valhalla Rising (=Le Guerrier silencieux), avec Mads Mikkelsen en 2009, où nous découvrons l’histoire d’un guerrier solitaire, muet, esclave, qui arrive à se libérer. Seul un jeune garçon, lui aussi prisonnier, est capable de le comprendre et de retranscrire ses pensées. Dans Only God Forgives en 2013, Ryan Gosling incarne l’opposé de son personnage lumineux dans Drive. Ici, son personnage ne parle pas non plus, mais est rabaissé par une mère castratrice qui lui préfère son défunt frère.




Dans ses films, l’image devient un véritable langage. Tous les personnages de Winding Refn sont torturés de l’intérieur, ne pouvant exprimer cette rage que par la violence. Et c’est à travers sa mise en scène que le réalisateur tente de donner la parole à ses protagonistes. Winding Refn est un maniaque du détail. Certains critiques diront qu’il pousse trop loin l’esthétique de ses œuvres et masque une absence de fond. Pourtant, c’est à travers cette mise en scène si caractéristique, que Winding Refn communique avec ses spectateurs, c’est ce lien si particulier qui lie le cinéaste à son public. Dans les films de Winding Refn, une image peut dire 1000 mots, chacun des plans, couleurs et éclairages utilisés est un parti pris. Le thème principal des films de Winding Refn est donc le langage, avec comme support pour l’exprimer, la violence de ses protagonistes et sa mise en scène.

C’est avec ce travail si particulier que Nicolas Winding Refn a su s’imposer en tant que cinéaste majeur dans le milieu du cinéma même si aujourd’hui son œuvre divise, par l’esthétique et la violence démesurée démesurée de ses films. C’est finalement cette difficulté à comprendre ce que Winding Refn cherche à nous dire, qui rend son œuvre si controversée.

Qu’est-ce que le cinéma de Nicolas Winding Refn finalement ? C’est simplement exprimer ce que les mots ne peuvent plus.

Propos de Quentin Coutanceau

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